Pour chœur mixte a cappella
Requiem est un spectacle qui s'intéresse à la question de la disparition et de la mémoire, celle des défunt·es mais aussi celles des oublié·es.
Dans son Requiem civil, Lise Borel choisit d'ouvrir la cérémonie funéraire à l'universel, sur un poème en anglais de la main de sa mère, Cécile Borel. La célébration des défunts, qui est aussi un vibrant élan vers la vie, devient ainsi le chant de toutes et de tous. Se mêlent les thèmes du souvenir, de l'éternité, du présent face au passé, pour cristalliser un discours universel sur la sororité et la fraternité.
Chez Anna Akhmatova, dans son cycle Requiem, le chant est un cri, le cri poussé face au souvenir déchirant, pour conjurer la douleur. Ce cri de détresse cherche à rappeler la présence des prisonniers, envoyés par le NKVD à on ne sait quel destin. La mémoire est dès lors une nécessité, face à la peur et au déchirement.
Ce déchirement se traduit dans la désagrégation de la syntaxe et du matériau musical à l'œuvre dans la pièce de Josephine Stephenson, Now that heaven and earth and the wind are silent. A partir d'un sonnet de Pétrarque, dérivé par ses traductions anglaises, cette pièce conserve l'expression de la douleur face à l'absence, et présente un lyrisme en fusion avec une nature comme miroir de notre souvenir.
Enfin, le Requiem d'Eleanor Daley, mêlant poèmes d'autrices et textes liturgiques, est un espace lumineux et serein où s'apaisent les consciences, désormais entourées du souvenir ressuscité des oubliées. Comme en écho à Lise Borel, la pièce déroule ses différents moments et nous porte lentement vers la lumière et une forme d'éternité et d'universalité.
En mettant en regard ces pièces, ce sont les différents destins de leurs créatrices que nous faisons se rencontrer et à travers elles, le souvenir de toutes les femmes, poétesses, compositrices, autrices que nous souhaitons rappeler à nos mémoires.